Gloire au bâtiment qui bande

Gloire au bâtiment qui bande
Paul Ardenne

hauteurs comparées

L’érection architecturale maximaliste (toujours plus haut), à rebours du principe d’orgueil, agit sur nous comme un fortifiant, comme un symbole de vita forte.

L’érection architecturale est de mise depuis que l’homme bâtit : toujours plus haut, sitôt que c’est techniquement possible.
Les plus hautes constructions humaines, à ce jour, atteignent presque le kilomètre côté bâtiments habités (Burj Khalifa Dubai, 830 m), et s’apprêtent à le dépasser allègrement côté bâtiments techniques (Solar Tower Namibie, 1500 m). Durablement associé à la figure négative de l’orgueil, le fait de bâtir « haut », de mettre le bâtiment à la verticale et de le faire bander se valorise en revanche au regard de l’intérêt sensible que suscite depuis toujours, et pour longtemps encore semble-t-il, le bâtiment haut. Que quelques bâtiments, pour des mobiles divers, en viennent à « débander » (Tour de Babel de la légende, chœur de la cathédrale de Beauvais, WTC à New York…, qui s’effondrent) ne disqualifie pas le principe bien établi de la grande hauteur architecturale comme forme symbolique de la volonté optimiste. Se planter devant les gratte-ciels, fréquenter les observatoires haut placés fait du bien.
Ceci n’empêchant pas les partisans du “Flat World” (écologistes, “décroissantistes”) de continuer à faire valoir, pour leur part, le modèle inverse, celui de la bandaison basse, mesurée plutôt que démesurée, raisonnable plutôt qu’insensée. Au nom de quelle conception (salutaire ?, détestable ?, idéologiquement douteuse ?) de l’Amor Mundi ?

Leave a comment